Othello

L’erreur d’Othello

Othello est le personnage principal de la pièce de Shakespeare du même nom : Othello, le Maure de Venise. Dans cette pièce, le général Othello accuse Desdémone, sa jeune épouse, d’être amoureuse de l’un de ses lieutenants : Cassio. Othello demande alors à son épouse de se confesser avant qu’il ne la tue pour la punir de son infidélité.

Desdémone demande immédiatement à Othello de faire venir Cassio, afin qu’il confirme l’innocence de la jeune femme. Othello lui répond qu’il a déjà fait exécuter son lieutenant pour son affront. Desdémone se rend alors compte qu’elle n’arrivera pas à convaincre son mari de son innocence et qu’il va la tuer.

Desdémone: Hélas ! Il est trahi, et je suis perdue !
Othello: Fi donc, prostituée ! Tu pleures pour lui devant ma face !
Desdémone: Oh, bannissez-moi, monseigneur, mais ne me tuez pas !
Othello: A bas, prostituée !

L’erreur d’Othello, ou le cauchemar du détecteur de mensonge

Othello interprète la peur et la détresse de son épouse à l’annonce de la mort de Cassio comme une preuve de ses soupçons d’infidélité, et la tue. Othello fait ainsi l’erreur de ne pas considérer que si Desdémone était innocente, elle pouvait également montrer exactement les mêmes signes d’émotion :

  • Détresse et désespoir qu’Othello ne la croît pas, et que sa dernière chance de prouver son innocence ait disparu avec Cassio
  • Peur qu’il ne la tue à son tour maintenant

Desdémone pleurait en effet pour supplier son mari de l’épargner, et non la mort de son supposé amant.

La mauvaise interprétation de tels signes, et le fait ne pas savoir reconnaître la vérité s’appelle “l’erreur d’Othello”. C’est le cauchemar de celui qui veut évaluer la véracité d’un témoignage, et risque de condamner à tort un innocent.

Alors, comment éviter de commettre soi-même l’erreur d’Othello ?

Eviter l’erreur d’Othello

L’erreur d’Othello illustre bien la manière dont nos préjugés peuvent influencer nos perceptions et leur interprétation. Othello est en effet convaincu avant la scène que Desdémone lui est infidèle. Il cherche simplement à confirmer son jugement, et ignore les alternatives possibles.

Nous sommes tous victimes de nos préjugés. Dès lors, comment ne pas commettre la même erreur qu’Othello ? Il y a au moins 2 règles à adopter pour qui veut détecter les mensonges :

1) Prendre conscience de nos préjugés à propos de la personne suspectée

Le fait de s’interroger et de lister explicitement nos préjugés envers la personne suspectée de mentir peut permettre de prévenir les interprétations hâtives. Au pire, cela peut permettre au détecteur de mensonge de conclure qu’il a trop d’a priori sur la personne pour avoir confiance en son propre jugement.

2) Considérer toutes les alternatives possibles au mensonge

Lorsque le détecteur de mensonge perçoit un signe d’émotion ou un comportement suspect, il doit envisager toutes les alternatives possibles au mensonge. Il doit ainsi se demander quelles émotions un menteur, mais aussi quelqu’un disant la vérité est susceptible de ressentir au moment de l’entretien.

Par exemple, s’il perçoit un signe de peur chez le suspect, le détecteur de mensonge doit se demander si cela correspond à l’appréhension par un menteur de se faire démasquer, ou bien simplement à la peur de ne pas être crue d’une honnête personne. En effet, les émotions ne nous disent jamais ce qui les a déclenché.

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