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La « tête de garce » : une expression faciale bien réelle ?

Nous connaissons tous des personnes qui ont ce visage. Celui qui dégage naturellement cet air quelque peu condescendant, quand bien même la personne serait totalement neutre. Inhabituel, il a récemment fait l’objet de nombreuses blagues et vidéos. Cette expression faciale est connue depuis 2015 dans le monde anglo-saxon sous le nom de « Resting Bitch Face » (RBF), qu’on pourrait traduire en français par « tête de garce ». Une appellation loin d’être flatteuse et qui mérite qu’on s’y intéresse. Pourquoi certains individus renvoient-ils constamment une telle image ? Sont-ils responsables de ce qu’ils dégagent ? Une étude sur les expressions faciales de « RBF » fait désormais toute la lumière sur ce phénomène.

Certains argumentent que le terme « tête de garce » est misogyne1. C’est en effet la dénomination communément retenue pour désigner les porteurs de cette expression faciale pour lesquels il est difficile de discerner ce qu’ils ressentent vraiment. D’autres prétendent qu’il s’agit simplement d’une sur-interprétation de quelque chose d’inoffensif, comme une anxiété sociale. Quelles qu’en soient les causes, l’effet produit par de tels visages est quant à lui sans équivoque : il suffit qu’un seul se porte sur nous pour que nous ressentions une opinion négative à son égard. Souvent nommé « RBF » (pour son acronyme anglais « Resting Bitch Face »), ce qualificatif a été associé à plusieurs célébrités, comme Anna Kendrick, Kristen Stewart ou encore Victoria Beckham. Mais comment expliquer scientifiquement ce phénomène ? Pourquoi certaines personnalités font-elles l’unanimité lorsqu’il s’agit de désigner des exemples de RBF ?

Récemment, les chercheurs Jason Rogers et Abbe Macbeth ont analysé les expressions faciales d’émotions présentes dans une série de vidéos et de photos, afin de déterminer si la tête de garce correspondait réellement à une expression faciale spécifique, ou si elle n’était qu’un produit de l’imagination collective.

Pour sélectionner leur échantillon de RBF archétypiques, les chercheurs ont effectué leurs fouilles sur le moteur de recherche Google en se focalisant sur des célébrités comme Kristen Stewart, Kanye West, la reine Elizabeth…et même la vidéo humoristique ci-dessous. En s’assurant, grâce aux commentaires relevés sur les réseaux sociaux, que tous ces visages avaient bien la réputation d’être de véritables « têtes de garce ».

Résultats :  les quantités de colère, tristesse et de peur affichées étaient hautement variables d’un visage à l’autre… mais à la plus grande surprise de l’équipe de recherche, une émotion de fond continuait à rendre leur tête déplaisante : le mépris.

Si visages « normaux » et « têtes de garces » présentaient essentiellement des expressions neutres (plus de 94% de l’ensemble des expressions faciales), la quantité de mépris mesurée sur les RBF, bien que très faible, s’est révélée significativement plus élevée que sur les visages normaux. Et c’est peut-être là l’un des résulats les plus importants de cette étude : les « têtes de garces » ne contiennent pas suffisamment de mépris pour refléter un véritable mépris, mais en contiennent en quantité suffisante pour générer des impressions négatives chez les autres. En d’autres termes, c’est la perception de cette inconsciente et subtile expression de mépris qui définit la tête de garce.

Bien que cette expression ne soit pas nécessairement intentionnelle, le cerveau de l’observateur semble ainsi en quelque sorte programmé pour analyser et reconnaître un visage qui afficherait, même quelques secondes à peine, des traces de mépris. Puis pour le cataloguer avec un gentil nom d’oiseau…

Crédit photo : By LGEPR (Victoria Beckham) [CC BY 2.0], via Wikimedia Commons

Références :

1Deutsch, F., LeBaron, D., & Fryer, M. (1987). WHAT IS IN A SMILE?. Psychol Of Women Q, 11(3), 341-352. http://dx.doi.org/10.1111/j.1471-6402.1987.tb00908.x

2Abbe Macbeth, Ph. D. and Jason Rogers, Ph. D.

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